Sri Lanka: les chrétiens toujours sous le choc

17/06/2019 Leuven – « Ces attaques ont ravivé chez beaucoup de gens les souvenirs de l’état d’urgence lié à la guerre civile. La population du Sri Lanka, et en particulier tous les chrétiens, est toujours sous le choc », résume Véronique Vogel. Tout juste quatre semaines après les attaques terroristes du dimanche de Pâques qui ont fait plusieurs centaines de morts et de blessés au Sri Lanka, la responsable des projets de l’Aide à l’Église en Détresse (AED) pour ce pays d’Asie s’est rendue sur place pour apprécier la situation.

Elle évoque une tension palpable dans tout le pays, des troubles réguliers et la peur : « Les mesures de sécurité étaient nombreuses au Sri Lanka lors de notre visite, marquée par l’omniprésence des forces de l’ordre et de l’armée. La population chrétienne en particulier vit toujours dans la peur. Les gens savent que les auteurs des attentats du dimanche de Pâques n’ont pas tous été identifiés et arrêtés. Donc tout le monde sait qu’il y a des personnes extrêmement dangereuses en liberté qui peuvent attaquer à tout moment. »

Mgr Albert Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo au Sri Lanka, exhorte aujourd’hui la population à garder son calme et à s’abstenir de tout acte de vengeance. « Au cours de ce voyage, j’ai pu constater à maintes reprises que les chrétiens avaient entendu les paroles de leur archevêque et leur en étaient reconnaissants », affirme Véronique Vogel. En quelques jours, la petite délégation de l’AED a visité la région de Colombo, capitale du pays, et celle de la ville voisine de Negombo, où la plupart des attentats ciblant églises et hôtels ont eu lieu. « Le but de notre voyage était de nous permettre d’apprécier personnellement la situation des paroisses catholiques et de les assurer de notre solidarité. Les chrétiens étaient en effet spécifiquement visés par ces actes terroristes », ajoute Véronique Vogel. « Nous tenons à rendre compte nous-mêmes à nos bienfaiteurs de la situation sur place, pour que nous n’oubliions pas de prier pour le Sri Lanka et pour pouvoir lui apporter notre soutien. »

Depuis le 21 mai, tout juste un mois après la série d’attentats, les églises sont à nouveau ouvertes aux fidèles mais de nombreux chrétiens restent fortement traumatisés, comme l’explique Véronique Vogel : « Beaucoup de gens m’ont dit avoir peur d’aller à l’église ou être angoissés par le tintement des cloches. Ces témoignages déchirants montrent bien à quel point les événements de ce dimanche de Pâques ont marqué les esprits. » Elle a pu néanmoins constater que ces épreuves ont renforcé la foi de bon nombre de personnes, elles-mêmes victimes ou proches de victimes. « Certes, les gens ne comprennent pas pourquoi ils ont dû endurer de telles souffrances au Sri Lanka alors même que le pays a connu un calme relatif ces dernières années. Mais ils ont une immense envie de vivre et sont animés d’une grande foi. Les chrétiens et toute la population du Sri Lanka ne veulent plus de la guerre civile mais souhaitent au contraire s’engager sur la voie d’une paix durable », souligne la responsable de projets de l’AED.

Véronique Vogel s’est montrée particulièrement impressionnée par la visite du couvent des franciscains à Negombo : « Ce couvent se trouve directement en face de l’église Saint Sébastien, l’une des cibles principales où au moins 100 personnes ont trouvé la mort. Les franciscains nous ont montré des vidéos avec des scènes terribles de la journée de l’attentat. Ils nous ont dit être allés sur place directement après les explosions pour s’occuper des blessés et des morts. » Et d’ajouter : « Malgré ces expériences traumatisantes, ils font preuve au quotidien d’amour du prochain, déterminés à ne pas céder à la terreur et à la violence, vivant pleinement leur foi et cultivant leur esprit de service. »

Pays insulaire situé dans l’océan Indien, le Sri Lanka compte environ 22 millions d’habitants, dont 70 % de bouddhistes, 12,5 % d’hindous, 9,5 % de musulmans et 8 % de chrétiens. Le dimanche 21 avril 2019, jour de Pâques, de nombreuses personnes ont été tuées ou grièvement blessées lors d’une série d’attentats ciblant notamment trois églises et trois hôtels de la capitale Colombo, de la ville voisine de Negombo et de Batticloa, localité située sur la côte est. Les estimations s‘élèvent actuellement à au moins 253 morts et quelque 500 blessés. Les autorités attribuent les attentats à un mouvement islamiste local et à des djihadistes.

Au cours des 15 dernières années, la fondation pontificale Aide à l’Église en Détresse a investi plus de 8 millions d’euros dans des projets au Sri Lanka. Cet argent a permis de financer, entre autres, la construction d’institutions chrétiennes, des offrandes de Messe, des formations théologiques et l’achat local de littérature chrétienne. Suite aux récentes attaques terroristes, l’AED poursuit et amplifie son engagement sur le long terme dans l’aide pastorale apportée au pays, pour que les blessures puissent guérir et les paroisses retrouver espoir et confiance.

Par Matthias Böhnke

Regardez ici une vidéo sur la situation des chrétiens au Sri Lanka que l’Aide à l’Église en Détresse (ACN International) a produite lors d’un voyage de projet dans le pays avec Véronique Vogel un mois après les attentats terroristes contre trois églises et hôtels le dimanche de Pâques 21 avril 2019.

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