Père A. Mukhallala sur un camp d’été en Syrie: « Elle a senti son cœur battre à nouveau »

08/08/2019 Leuven – En 2019, la fondation internationale Aide à l’Église en Détresse soutient plus de quarante camps d’été organisés pour des communautés chrétiennes vivant dans des pays où elles sont minoritaires, victimes de discrimination ou de guerre.

Près de la moitié des projets de cette année bénéficient aux communautés du Proche-Orient, principalement en Syrie, où auront lieu au total 28 camps d’été pour les jeunes et les familles. Après une guerre fratricide qui a abouti à une situation économique et sociale dramatique, les chrétiens de différentes confessions appartenant aux diocèses de Homs, Alep, Lattaquié et Damas se réunissent de juin à septembre pour reprendre des forces et guérir leurs blessures.

Le père Antoine Mukhallala, de l’Église melchite gréco-catholique d’Alep, revient tout juste de l’un des huit camps d’été que la communauté « Foi et Lumière » organise pour les personnes handicapées et leurs familles. Il est difficile de se faire une idée de ce qu’ils ont vécu pendant la guerre. Terrifiés par les tireurs embusqués et leurs balles qui tuaient les civils sans raison, ils pouvaient à peine quitter leurs maisons. Aujourd’hui, ils ont un grand besoin de soutien psychologique et ils cherchent à rencontrer Dieu et trouver la paix à travers la prière dans la nature. Les camps d’été sont un rayon de lumière dans cette quête.

De toutes les nombreuses expériences vécues, le père Antoine souhaite raconter à l’AED celle d’une veuve, mère de deux jeunes filles, dont l’une est autiste :

« Cette mère a beaucoup souffert, parce qu’elle a perdu son mari lors de sa tentative pour émigrer vers l’Europe sur les “bateaux de la mort”. Il ne s’est pas noyé mais a été tué. Elle a reçu son corps et vu que son mari avait eu la gorge tranchée.

Cette femme souffrait beaucoup et vivait dans la prison de sa solitude. Malgré sa présence dans le groupe, elle parlait rarement de son mari décédé ou de sa fille. Elle refusait toute forme de joie, bien que d’autres personnes aient essayé de la sortir de sa douleur.

Peu à peu, au cours de cette semaine de camp, l’amour a touché le cœur de cette femme, le libérant de sa noirceur. Son cœur a ainsi recommencé à battre. Elle a à nouveau ressenti que la vie était belle grâce au changement de comportement qu’elle a vu chez sa fille autiste, qui m’a même invité à danser avec elle!

À la fin du camp, elle nous a dit : “Si le camp avait duré une semaine de plus, je suis presque certaine que ma Jenny aurait commencé à parler”.

J’ai participé à de nombreux camps d’été au cours de mes sept années de sacerdoce, mais ce dernier, à Kfarsetta, avec le groupe “Famille de l’Espérance” a été l’un des plus beaux camps, où j’ai connu la joie de l’Amour et où je peux dire que j’ai reçu plus que ce que j’ai donné », dit le père Antoine.

« Je remercie Dieu pour ce que cette femme a vécu, et je Le remercie de m’avoir donné l’occasion de vivre de nombreuses expériences spirituelles. Et nous remercions également les membres et bienfaiteurs de l’AED pour leur soutien à notre camp, sans lequel il n’aurait pas été possible de vivre cette expérience qui nous a rapprochés de la devise du camp “Avec Dieu, nous construisons la communauté”. Je demande à Dieu Tout-Puissant de vous bénir afin que vous puissiez continuer à aider tous ceux qui Le cherchent, et que vous continuiez à être un outil de Dieu pour répandre son amour dans le monde », conclut le prêtre.

Comme le groupe « Famille de l’Espérance », beaucoup d’autres enfants, de jeunes et de familles participent à de tels camps au cours de cet été dans d’autres régions de la Syrie, mais aussi en Égypte, Jordanie, Palestine, Liban, Crimée ou en République du Congo, pour se reposer et se renforcer, d’un point de vue non seulement physique et psychologique, mais aussi spirituel.

Par Maria Lozano

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