L’Aide à l’Église en Détresse accorde plus de trois millions d’euros pour soutenir quarante projets de reconstruction en Syrie

« Cette aide doit servir à reconstruire le pays et à reprendre une vie digne »

17/07/2018 Louvain – La fondation pontificale l’Aide à l’Église en Détresse a accordé un nouveau paquet d’aides à plus de quarante projets pour la pastorale et l’aide d’urgence en faveur de chrétiens syriens de différents rites. L’Aide à l’Église en Détresse tente ainsi d’améliorer la situation difficile dont le pays continue à souffrir, et qui est causée par les différentes sanctions économiques, notamment l’embargo commercial sur le pétrole. Dans son intervention du 27 juin à l’occasion d’une conférence devant le Parlement européen à Bruxelles, Mgr Joseph Tobji, évêque maronite d’Alep, met en garde contre ce genre de restrictions : « Elles tuent le peuple syrien autant que les armes ».

« Pourquoi des enfants et des malades doivent-ils mourir par manque de médicaments ? Pourquoi des chômeurs, licenciés à cause de l’embargo, doivent-ils mourir de faim ? », a demandé l’évêque face aux députés européens.

En réaction à cet appel d’urgence et à d’autres appels similaires lancés par les Églises catholique et orthodoxe locales en Syrie, l’Aide à l’Église en Détresse a accordé une enveloppe de plus de deux millions d’euros pour assurer la subsistance et les soins médicaux de familles dans la détresse et expulsées dans plusieurs zones du pays, en particulier à Alep et à Homs.

La migration constitue un autre grave problème en Syrie – selon l’évêque Mgr Tobji, elle représente « une blessure dangereuse qui continue de saigner ». L’immense vague des migrants forcés comporte évidemment aussi des chrétiens syriens. S’ils formaient déjà une minorité auparavant, ils « disparaîtront maintenant totalement si la situation engendrée par la guerre ne se termine pas bientôt ». Il ne reste plus qu’un tiers des chrétiens qui y vivaient avant la guerre. Au vu d’un tel taux d’émigration, l’évêque maronite se demande qui pourrait bien reconstruire le pays maintenant. En effet, la Syrie est un pays « sans productivité, sans main-d’œuvre, une société sans vie ». En qualité de « passerelle culturelle » entre l’Occident et l’Orient, les chrétiens jouent un rôle décisif à titre d’élément pacifique au sein de la société syrienne. Selon les prévisions de l’évêque, « si les chrétiens venaient à disparaître, beaucoup de problèmes surgiront, pas seulement pour le pays même, mais aussi pour l’Europe. En effet, la Syrie n’en est éloignée que de quelques kilomètres ».

Une aide particulière pour les enfants et les jeunes gens

Au cours des prochains mois, la fondation s’est donnée comme autre grand objectif de soutenir les enfants et les jeunes gens, qui devraient en principe représenter l’avenir du pays. Toutefois, le souci des parents concernant l’avenir de leurs enfants est justement la cause de l’émigration de nombreuses familles chrétiennes. Par conséquent, un quart des projets accordés par l’Aide à l’Église en Détresse bénéficieront donc à la jeunesse. D’une part, l’Aide à l’Église en Détresse a entamé plusieurs projets de bourses scolaires, car beaucoup de familles ont perdu leurs maisons et leurs emplois et ne disposent donc plus d’aucun moyen pour assurer l’éducation de leurs enfants. La détresse économique oblige de nombreuses familles à chercher leur avenir en dehors du pays. Au fil des prochains mois, ce programme bénéficiera à 1215 élèves et 437 étudiants à Homs, ainsi qu’à 105 étudiants à Damas. En outre, l’Aide à l’Église en Détresse a donné son accord pour fournir des aides à la scolarisation d’enfants de 300 familles en détresse à Damas ainsi que d’enfants malades et d’orphelins.

D’autres projets sont prévus pour l’assistance aux enfants et aux d’adolescents d’Alep, traumatisés au bout de sept années de guerre et de conflits. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais quitté la ville au cours des sept dernières années et ne connaissent rien d’autre que la guerre. Ils ont besoin d’aide pour guérir et pour se développer sur le plan spirituel et psychique. Le Père Antoine Tahan, prêtre de l’église arménienne catholique de la Sainte-Croix, a pu convaincre un groupe de jeunes bénévoles de l’épauler dans son initiative « Let me Live My Childhood » (Laissez-moi vivre mon enfance). Le prêtre affirme : « Nous remercions l’Aide à l’Église en Détresse de ce projet qui doit aider les enfants à se défaire de leurs ‘vêtements d’adulte’, afin de renouer avec les dons irremplaçables de l’enfance. Nous voudrions qu’ils redécouvrent la capacité de jouer, qu’ils redeviennent simplement des enfants ». Par ailleurs, l’Aide à l’Église en Détresse soutient plusieurs cours d’été pour adolescents, organisés par les Églises catholique maronite et syriaque orthodoxe d’Alep. Cette ville a certainement le plus souffert de la guerre.

Fidèle à son caractère pastoral, l’Aide à l’Église en Détresse fournira presque un demi-million d’euros pour la remise en état de plusieurs églises et monastères, notamment les cathédrales maronite et syriaque catholique d’Alep, ainsi que pour le soutien de la formation de séminaristes et pour la subsistance de prêtres. À ce sujet, l’évêque Mgr Tobji affirme : « L’Église est la première porte à laquelle les gens frappent », pour ajouter : « Cependant, sans le soutien des bienfaiteurs et des organisations et œuvres de bienfaisance de l’Église, comme l’Aide à l’Église en Détresse », l’Église locale serait incapable d’assurer cet appui. « Ces aides doivent servir à reconstruire le pays et à reprendre une vie digne ». L’évêque maronite d’Alep adresse un appel désespéré à l’Occident : « Faites quelque chose de bien, aidez-nous à trouver la paix. »

Par Maria Lozano

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